Comment construire une équipe dans laquelle chacun trouve sa place ...
- alice langlet
- 6 mars 2022
- 6 min de lecture
... et comment s’assurer de la pérennité de ce que l’on est en train de construire ensemble ? 🔎
Voici la question qui s’est posée lorsque Loic Certain a pris son poste de Responsable Pricing chez TGV-INTERCITES (anciennement Voyages SNCF). J’ai eu l’occasion de l’accompagner pendant 1 an avec son équipe, puis de l’interviewer pour vous partager son expérience. 🧐
Loïc, comment en êtes-vous arrivé à vous poser cette question ?
« Il y a 1 an ½, lorsque j’ai pris mon poste, j’intégrais une équipe qui venait d’être créée 6 mois plus tôt à la suite d’une évolution d’organisation. Mon défi était d’optimiser le cycle de mise en production des prix ainsi que des modélisations pricing au sein de TGV-INTERCITES et d’en assurer la pérennité à long terme. J’ai très vite compris que le premier enjeu pour moi en tant que manager était que chacun trouve sa place dans cette nouvelle structure et qu’il s’y sente bien. »
Dans ce cas, pourquoi ne pas vous limiter à écrire des standards comme le prône l’Excellence Opérationnelle ?
« Avant de penser à pérenniser les processus et les compétences internes, il était nécessaire de travailler sur le bien-être des collaborateurs.
👉🏻 Un raccourci pourrait être d’écrire des standards et de les appliquer stricto sensu, mais je pense que cela ne fonctionne pas. Je pense que c’est celui qui va utiliser le standard qui doit l’écrire et que ce travail peut le motiver par l’envie de laisser un héritage.
Développer une identité d’équipe me semble également être une clé dans la réussite collective, la satisfaction et l’engagement des collaborateurs au travail. » 💡
Que vous a apporté cet accompagnement ? Quelles ont été les étapes décisives pour atteindre le but que vous vous étiez fixé ?
👉🏻 « Pendant cet accompagnement je suis devenu père. En miroir de ma vie privée, j’ai pris conscience de la nécessité et de mon envie de faire grandir mes collaborateurs. Mon style de management a évolué, je laisse désormais plus d’autonomie à chaque membre de mon équipe.
👉🏻 Pendant les séances de coaching collectif, j’ai appris à connaître véritablement mon équipe. Nous avons pu verbaliser et formaliser notre projet commun et nous fédérer autour de celui-ci.
👉🏻 La mise en place de routines et de rituels dans l’équipe permet aujourd’hui d’entretenir ce mythe fondateur du collectif apprenant qui a créé l’identité de notre collectif. Ces routines sont prises autant de celles de l’Excellence Opérationnelle que des méthodes agiles et du coaching. Elles nous permettent d’être dans un mindset d’Amélioration Continue, qui fait désormais partie de notre ADN pour gagner en efficacité, mais surtout en bien-être. Nous le vérifions à travers des indicateurs, qui permettent de visualiser où nous en sommes, d’ancrer de nouvelles pratiques et de remettre en question l’existant lorsque cela est nécessaire.
Nous avons ainsi créé un système et le re challengeons ensemble régulièrement. Par exemple, nous utilisons les missions déléguées et pour aller plus loin ensemble, nous avons chaque semaine un « méta-méta », une personne qui va donner un feedback au-delà de l’observateur méta de chaque réunion. Il identifie ce qu’il se rejoue pour nous dans la semaine et va plus loin pour challenger nos processus relationnels d’équipe. Nous avons retenu la méthode de débriefing de coaching et du feedback et ne pouvons plus nous en passer. Chaque lundi nous récapitulons ensemble les « cadeaux et options » pour mieux fonctionner ensemble.
Sur certains projets spécifiques, ces méthodes d’intelligence collective ont permis à tous de monter en compétence tant sur le fond que la forme dans le fonctionnement de notre équipe.
👉🏻 Pour en assurer l’ancrage, il est nécessaire de faire vivre ces états d’esprit. En tant que manager j’accorde beaucoup d’importance à être exemplaire dans l’application des règles du collectif, mais aussi à les challenger régulièrement. »
Qu’est-ce que cela a changé dans votre vie de manager ? Quelles sont les limites ? « Si au début ma vie personnelle a fait un miroir dans ma vie professionnelle, désormais c’est l’inverse. Je me suis rendu compte que ces apprentissages m’ont fait évoluer profondément quel que soit le moment de la journée ou de la semaine. Par exemple, je vais avoir tendance à mieux identifier mes besoins et à prendre soin de la formulation de mes demandes. J’essaie également d’être « observateur méta » de mes propres comportements dans ma vie privée et de revoir ma façon de réagir. Je pense que cela m’apporte une autre lecture du quotidien, de mieux appréhender la « carte du monde » de mes interlocuteurs, d’éviter les quiproquos ou de les vivre différemment, de savoir les lever.
La posture de manager-coach (attention, je précise que je ne suis pas coach) m’invite à aller creuser les enjeux et les intentions de mes interlocuteurs à chaque instant. Je cherche davantage à m’assurer d’avoir bien compris les autres. Par moment, j’ai l’impression de passer pour un extraterrestre ou en tous cas quelqu’un de très rigoureux et analytique et je veille à ne pas me couper du lien aux autres en étant trop centré sur ces outils et méthodologies. »
Quels résultats avez-vous constaté depuis cet accompagnement ?
« C’est comme si vous me demandiez si j’ai remarqué une différence chez mon enfant, je le vois chaque jour, et c’est quand je revois une photo prise quelques mois auparavant que je conscientise les changements. Je recommande donc de mettre en place une série d’indicateurs avant, pendant, après, et de suivre l’évolution des états d’esprit de l’équipe. Nous avons mis en place des indicateurs de satisfaction au travail propres à notre équipe. Ils nous permettent de suivre régulièrement l’évolution et de faire le bilan du chemin parcouru depuis le début de l’aventure. »
Qu’aimeriez-vous transmettre à un manager en prise de poste qui aurait un challenge similaire à relever ?
« Détends-toi, ça va bien se passer ! L’amélioration continue est infinie, profite du chemin ! »
J’ai un niveau d’exigence assez élevé vis-à-vis de moi. C’est mon 1er poste dans notre entreprise et je me mettais une forte pression à ma prise de poste. Cela aurait pu être un frein pour avancer sereinement avec mes collaborateurs. Finalement, je me suis éclaté à vivre cette aventure. Le chemin que j’ai parcouru avec eux a été essentiel pour devenir le manager que je suis aujourd’hui. »
Dans cette aventure, l’animal totem de Loïc Certain est le goupil. Il est malin et sait se nourrir de toutes les situations qu’il rencontrera au cours de son voyage.

Que nous apprend le goupil ?
🦊 Explorateur malin, il est à l’affût et son ouïe est fine. D’ailleurs, si vous le voyez les oreilles dressées et l’air attentif, il est en chasse. Pour lui chaque situation rencontrée comporte une opportunité de se nourrir de quelque chose. Dans cette quête d’apprentissage, le canidé garde tous ses sens en éveil permanent. Vous avez un goupil dans votre collectif ? Observez-le et profitez de sa qualité d’écoute pour identifier les sujets à explorer ou à revisiter. Contrairement à d’autres animaux de son écosystème, il entend les signaux faibles qui indiquent qu’il y a une opportunité pour le collectif à revoir tel ou tel sujet. Comment abordez-vous les difficultés avec votre goupil ? Est-ce que vous êtes plutôt du genre à aboyer le plus fort où à lui soumettre le sujet comme une forme d’exercice pour résoudre une nouvelle problématique ?
🦊 Il n’est pas solitaire, il peut vivre en groupe et adopte toutefois un comportement autonome indispensable à son bien-être. C’est surtout un animal territorial. C’est pour lui un besoin vital de défendre un territoire sur lequel lui et son groupe pourront préserver leur identité. Si vous avez des goupils autour de vous, travaillez avec eux sur votre identité collective sera nécessaire pour avoir une équipe soudée. A quand remonte votre dernière séance de travail sur l’identité de votre collectif ?
🦊 Omnivore – il n’a pas de limite dans ce qui pourrait le nourrir au service de son présent et de son futur. Adepte de l’exploration, sa zone de confort consiste à ne pas être dans une situation de confort. Laissez-lui suffisamment d’espace et de variété de sujets à explorer, au risque qu’il n’aille voir ailleurs au bout d’un certain temps. L’animal aime l’autonomie, si vous le nourrissez avec des conserves de ragoût toutou prémâché … il prendra la fuite. Savez-vous alimenter votre goupil ? Lui laissez-vous suffisamment de place et de terrains de jeux à explorer ?
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