« Le jeu dans le travail, c’est bien… mais je n’ai pas le temps ! »
- alice langlet
- 30 janv. 2021
- 3 min de lecture
Interview de Cécile Gautier, Formatrice et facilitatrice spécialisée en communication interpersonnelle et pédagogies ludiques.
« Le jeu dans le travail, c’est bien mais je n’ai pas le temps » est l’objection la plus fréquente que je rencontre dans mes activités. 😅 Derrière cette réflexion, il y a 2 croyances fortes :
1- « Le jeu n’est pas sérieux, il est futile et réservé à l’enfant ».
2- « Je n’ai pas le temps ». Même les personnes qui y voient un intérêt finissent par le refuser en se disant que le jeu est une perte de temps. 🤔
En tant que formateur, il est tentant d’être très généreux et de vouloir, en tant qu’expert d’un domaine, se concentrer sur les compétences techniques à transmettre, leur laisser le plus de place et leur accorder le plus de temps possible dans une journée de formation / d’atelier d’équipe.
🤔 Derrière cette ambition louable, il y a un paradoxe énorme : plus je laisse de place à la technique, moins je laisser de place à l’émotion, moins je facilite l’apprentissage.
💡 En prenant le temps du jeu, un animateur, formateur, facilitateur ancre davantage l’apprentissage du collectif qu’il accompagne.
Toutes les recherches sur l’apprentissage ont mis en évidence que sans l’attention du participant, sans engagement émotionnel, sans collaboration il a beaucoup moins de chance d’apprendre.
🎯 Si le jeu peut paraître futile, désorganisé, il a en réalité un objectif et une intention précise.
Comment en êtes-vous arrivée à cette approche ?
J’ai travaillé dans le secteur informatique et agricole, j’étais responsable de 300 formateurs, j’avais le souhait de dépoussiérer la formation en explorant la pédagogie ludique. Je me suis formée avec une équipe belge aux techniques ludiques et en parallèle à la « communication non violente » pour avoir une posture de formatrice différente. Elle est différente en 2 aspects :
📌 Comprendre le système d’apprentissage de celui qui est en face. Elle m’a permis de savoir activer les émotions, laisser des temps de réflexion, apprendre comment les humains apprennent et activer ces leviers
📌 Accepter le participant comme il est, prendre du recul par rapport à ses actes et pratiquer la « communication interpersonnelle » (que d’autres qualifieront de « bienveillante » ou « non-violente »)
In fine, j’ai appris à ne pas prendre pour moi les réactions de l’autre et j’ai compris comment les décrypter comme réponse à l’environnement dans sa globalité.
Un exemple d’exercice ludique ?
😃 Il y a un icebreaker que j’affectionne particulièrement : demander en début de séance si les participants se sentent « explorateur, acheteur, prisonnier, vacancier ». Ce que j’aime, c’est qu’il permet de prendre la température, d’accueillir l’autre, ce avec quoi il vient et autoriser chacun à « être » sans jugement.
Quand je forme, je mixe les techniques et je propose une autre posture. J’accorde beaucoup d’importance a être en lien avec les autres, à lâcher le rôle de sachant et à questionner le collectif pour qu’il recherche les solutions.
Qu’est-ce que ce changement de cap a eu comme impact sur la façon d’appréhender votre métier ?
📌 Plus de vie et de joie pour moi dans la formation
📌 Être pleinement moi quand j’anime, oser l’humour et le « bazar organisé » du jeu
📌 Avoir une autre relation aux personnes que je forme, être plus en lien avec elles
« Du fun, très structuré, organisé pour faciliter l’apprentissage »
Quelles perspectives pour demain ?
Mon shoot d’adrénaline, c’est quand je vois une étincelle dans l’œil de la personne en face.
Pour autant, je n’aime pas y arriver toujours par le même moyen, j’aime la complémentarité des approches. L’avenir, pour moi, c’est de continuer à explorer des techniques différentes, les mélanger, me les approprier et les partager pour les transmettre à mon tour.
J’aime dire aux personnes que je forme : « vous allez être dans un laboratoire d’expérimentation et dans ce qu’on va voir aujourd’hui, vous allez acheter ou pas, en fonction de qui vous avez envie d’être ». Je laisse la possibilité de prendre ou pas mes propositions et de les revisiter.
💡 L’animal totem de Cécile Gautier est l’éléphant pour son écoute très fine, son empathie (attention ne pas confondre avec sympathie), sa capacité à s’adapter en permanence à ce qu’il capte de son environnement, ses congénères, son hypersensibilité. L’éléphant est capable d’écouter avec les pieds. Entre groupes, ils tapent le sol pour se prévenir de l’arrivée d’un danger.
Inspiré par ce témoignage ?
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